Bonjour à tous,
cette page a pour but d’aider (dans la limite de mes connaissances) les personnes souhaitant postuler à des concours de Maître de Conférence (MCF) ou Chargé de Recherche (CR), et qui -comme moi l’an dernier- sont un peu perdues… J’espère grâce à cette page pouvoir vous apporter quelques conseils qui vous aideront à monter vos dossiers de candidature !
Mais avant de commencer, quelques précisions importantes :
* cet article relate mon expérience personnelle sur des concours passés en 2017 et 2018 : ce qui y est dit n’engage donc que moi (et en aucun cas une Université ou un EPST) et n’a aucune valeur officielle. Je vais faire au mieux pour donner les éléments les plus justes et précis possibles. Cependant, les indications que j’ai reçues peuvent n’avoir qu’une validité limitée (dans le temps, dans l’espace ou d’un point de vue thématique). Il est donc important que vous vérifiiez les informations que je donne ici dans le contexte de votre candidature !
* il existe une grande variabilité inter-disciplines : issue des sciences cognitives, mon expérience relate de mes candidatures en psychologie (sciences humaines et sociales) et en interaction homme-machine (informatique). Même si certaines informations sont certainement génériques, il est important de vous fier aux documents fournis par les instances officielles de votre discipline pour monter votre dossier :).
Si jamais vous décelez une erreur ou une information manquante, n’hésitez pas à me contacter – cela permettra d’améliorer cette page et d’aider au mieux un maximum de gens !
Je tiens à remercier très sincèrement toutes les personnes qui m’ont aidée pendant les concours et qui m’ont apporté tous ces précieux conseils !! C’est grâce à eux que j’ai pu écrire cette page ;).
Ceci étant dit, entrons dans le vif du sujet. Les éléments que je fournirai ci-après sont issus de mon expérience lors des concours suivants :
* Concours Maître de Conférence en Psychologie (section 16 CNU) – 2017
* Concours Chargé de Recherche CNRS en Informatique (section 7 CNRS), Psychologie (section 26 CNRS) et Interdisciplinaire (CID 51 CNRS) – 2018
* Concours Chargé de Recherche Inria en Informatique – 2018
NEW!! La section 26 du CNRS (Cerveau, Cognition, Comportement) vient de mettre en ligne son site web, sur lequel vous pourrez trouver des informations précises pour la rédaction de votre dossier de candidature :). Pour rappel, la section 7 du CNRS (Sciences de l’Information) a aussi son site web, qui contient quelques infos utiles.
Les différents points que nous allons aborder :
– 1 – Quelles sont les différences entre un poste de MCF et un poste de CR ?
– 2 – Qu’est-ce qu’une section CNU / CNRS ?
– 3 – Où et quand trouver les postes de MCF ouverts ?
– 4 – Où et quand trouver les postes de CR ouverts ?
– 5 – Quand et comment contacter les laboratoires / équipes qui nous intéressent ?
– 6 – Comment rédiger une candidature MCF ?
– 7 – Comment rédiger une candidature CR ?
– 8 – Comment préparer une audition ?
– 9 – Comment se passe un concours MCF / CR ?
– 10 – Questions diverses
Postuler à plusieurs concours MCF / CR
Mettre en avant l’interdisciplinarité
Langue de rédaction du dossier MCF / CR
Longueur du projet
Taux de réussite aux concours CR
Comment savoir si j’ai le niveau d’être recrutée(e) MCF / CR
– 11 – Le petit mot de la fin : l’importance du réseau
– 1 – Quelles sont les différences entre un poste de Maître de Conférences (MCF) et un poste de Chargé de Recherche (CR) ?
Mots-clés : pré-requis, profil (pédagogique et recherche), rattachement, missions, évolution, mutation
Il existe certainement beaucoup de différences et de spécificités inhérentes à chacun de ces deux postes que je ne connais pas encore – le but ici n’est pas d’être exhaustif (des personnes exerçant ces métiers de longue date sauront mieux vous informer que moi). Je vais simplement essayer de vous donner les grandes différences parmi lesquelles le fait que le/la MCF est “enseignant-chercheur” alors que le/la CR est “chercheur”.
Ainsi, les MCF ont une double mission : l’enseignement (typiquement un service de 196h00 par an – décharge partielle d’enseignement en début de carrière) et la recherche. Ils sont recrutés par les Universités, et plus précisément à la fois par une équipe pédagogique et une équipe recherche (souvent -mais pas toujours- en partie confondues). Les MCF postulent sur des postes définis de manière précise par des profils (comprenant un profil pédagogique et un profil recherche) que les équipes en question ont rédigés. Pour être recrutés, les candidats doivent faire démonstration de l’adéquation entre leur profil et le profil décrit dans l’offre de poste. Une fois recrutés, les MCF sont rattachés d’une part à l’UFR/département de l’équipe pédagogique ayant rédigé le profil (pour leur mission d’enseignement), et d’autre part à l’équipe de recherche ayant rédigé le profil recherche (pour leur mission recherche). Ils peuvent, après quelques temps et moyennant l’accord (en principe) des parties concernées, changer d’équipe pédagogique et/ou d’équipe de recherche au sein de la même Université. Cependant, s’ils souhaitent changer d’Université, ils doivent attendre qu’un poste s’ouvre et repasser un concours (avec un statut de mutation que je ne décrirai pas ici). Il faut savoir que pour être recruté(e) MCF ou PR, il faut passer un “examen” sur dossier appelé la Qualification de droit commun (dite “la qualif'”). La procédure est la suivante : en Octobre, il faut s’inscrire sur Galaxie (ça prend quelques minutes) ; mi-Décembre, il faut soumettre un dossier de qualif (plus lourd cette fois : description des travaux, liste des publis, cv, etc…) ; autour de Mars, il me semble, on vous indique si vous êtes qualifié ou pas. Il est à noter que la qualification dans une section CNU (discipline) donne le droit de postuler à n’importe quel poste MCF (autrement dit, il n’est pas nécessaire d’être qualifié en section 16 pour postuler à un poste rattaché à la section 16 – même si cela facilite les choses…). Pour connaître plus précisément le format du dossier de qualif et les éléments qu’il doit contenir, je vous invite à jeter un oeil aux sites des sections CNU (p.ex., section 27 informatique, ou section 16 psychologie). Les MCF évoluent majoritairement en Professeurs des Universités (PR).
Les CR maintenant ont eux une mission de “chercheurs”. Ils ne sont donc pas tenus d’enseigner, même s’ils y sont autorisés – et même potentiellement encouragés (pour un nombre limité d’heures, bien en-deçà du service d’un MCF). Les CR sont généralement recrutés par des Etablissements Publics Scientifiques et Techniques (EPST). Parmi les EPST les plus connus on trouve le CNRS (Centre National de la Recherche Scientifique – généraliste), l’INSERM (Institut National de la Santé Et de la Recherche Médicale), l’INRA (Institut National de la Recherche Agroalimentaire) ou encore Inria (Institut National de Recherche en Sciences du Numérique). Les EPST sont nationaux et ont des laboratoires, qui leur sont rattachés, disséminés un peu partout sur le territoire français (et même à l’étranger). Le fonctionnement des EPST varie donc je ne peux pas tout décrire… Mais il faut savoir que les postes ouverts aux concours sont soit nationaux (p.ex., les concours CNRS), soit rattachés à un site (p.ex., certains concours Inria). Les CR sont recrutés sur la base d’un projet de recherche qu’ils ont rédigé (pas de profil précis la plupart du temps). Bien qu’ils soient affectés en début de carrière à une équipe de recherche spécifique, une fois leur année de stage passée, ils peuvent -théoriquement- demander à être mutés sans avoir à repasser un concours (pour schématiser “leur poste les suit”). La plupart du temps, un CR reste quand-même quelques années dans son équipe afin d’avoir le temps de mettre en place des projets. Les CR évoluent en général en Directeurs de Recherche (DR), mais peuvent aussi prétendre à des postes de PR. Il y a beaucoup moins de postes de CR que de postes de MCF, et il est plutôt admis que les attentes en termes de production scientifique sont plus élevées chez les CR que chez les MCF (ce qui est assez logique je pense au vu de la charge pédagogique et administrative très importante incombée aux MCF). La qualif n’est pas nécessaire pour postuler à un poste de CR.
– 2 – Qu’est-ce qu’une section CNU / CNRS ?
Mots-clés : section CNU, section CNRS, rattachement principal/secondaire
Le CNU est le Conseil National des Universités. Il est chargé notamment de la gestion des carrières des enseignants-chercheurs. Il est divisé en 77 sections représentant les “disciplines officielles” regroupées en 6 groupes. Par exemple, la section 16 est la section “Psychologie, psychologie clinique, psychologie sociale”, la section 27 “Informatique” et la section 69 “Neurosciences”. Tous les postes de MCF ouverts sont rattachés à une section CNU. Les sections CNU sont à ne pas confondre avec les sections CNRS. Il y a au CNRS 10 instituts auxquels sont rattachés de manière principale ou secondaire 41 sections disciplinaires et 5 commissions interdisciplinaires. Là, pour ne citer qu’un exemple, la psychologie est incluse dans la section 26 “Cerveau Cognition Comportement”. Ce sont les sections CNRS qui proposent des postes aux concours.
– 3 – Où et quand trouver les postes de MCF ouverts ? A quoi ça ressemble une offre de poste MCF ?
Mots-clés : Galaxie, site section CNU, profil pédagogique, profil recherche
Les postes ouverts aux concours MCF sont affichés sur le site Galaxie, rubrique “Recrutement > Postes publiés sur Galaxie“. Ils sont publiés au fil de l’eau tout au long de l’année, il est donc opportun de consulter ce site régulièrement, ne serait-ce que pour savoir quel(s) type(s) de profils sont recherchés, et pour se familiariser avec le format des offres. Cependant, la majeure partie des postes ouverts aux concours sont mis en ligne en Janvier. Vous verrez que les offres de postes sont souvent rédigées de manière standardisée. On y indique l’UFR/département de rattachement, associé à un responsable pédagogique, ainsi qu’un laboratoire de recherche de rattachement, associé à un responsable recherche. Ensuite, le profil pédagogique : l’équipe pédagogique y est décrite, ainsi que ses besoins et ses attentes envers le/la futur(e) MCF. Enfin, le profil recherche est présenté. De la même manière, l’équipe de recherche et ses projets y sont présentés, ainsi que les besoins en termes de compétences et connaissances. Selon les offres, il faut savoir que vous pouvez être confronté(e) à des profils très ouverts ou très spécifiques. Il n’est pas rare que les profils assez spécifiques correspondent au profil d’un(e) candidat(e) pressenti(e) par le laboratoire. Cela ne signifie en aucun cas qu’il ne faut pas postuler (même si vous ne cochez pas exactement toutes les cases) ! Je reviendrai sur ce point un peu plus bas. Pour plus d’informations au sujet des modalités de candidature aux postes MCF, je vous invite à consulter le site Galaxie (infos générales) ou les sites des sections correspondant à votre expertise (p.ex., section 27 informatique). Attention : les profils ne restent souvent pas affichés très longtemps (je dirais entre 1 et 2 mois), le temps entre la parution du profil et le concours et souvent court – donc soyez vigilants !
– 4 – Où et quand trouver les postes de CR ouverts ? Quels sont les différents types d’offre ?
Mots-clés : sites concours CNRS / Inria, concours général / fléché / colorié
Je ne connais malheureusement pas les calendriers et modes de fonctionnement exacts de tous les EPST. Je vais donc prendre ici l’exemple du CNRS, qui est celui que je connais le mieux. Je sais que le fonctionnement Inria est assez similaire (les concours sont néanmoins plus tardifs) : vous pourrez trouver les informations nécessaires sur le site d’Inria. Pour ce qui est du CNRS donc, les offres de poste sont publiées tout début Décembre sur la page Concours Chercheurs CNRS, dans l’onglet “Consulter les Offres”. Il ne faut pas louper la date parce qu’à partir du jour de publication, vous aurez environ un mois seulement pour monter votre dossier. En effet, les dossiers sont à déposer tout début Janvier… Sachant qu’entre-temps il y a les vacances de Noël ! Je reviens sur le calendrier des concours plus bas. A ma connaissance, les offres peuvent prendre trois formes principalement. La forme la plus courante est ce que j’appelle ici le “concours général” (en fait je ne sais pas vraiment comment ça s’appelle…). En gros, les sections proposent chaque année quelques postes (disons 2 à 8 à la louche – selon les sections et selon les années) complètement ouverts. Ils peuvent préciser quelques thématiques prioritaires, cependant toute personne ayant un projet se rapportant aux mots clés de la section peuvent postuler. En plus de ce concours général, il peut y avoir (ce n’est pas toujours le cas), des “concours fléchés” (vers un Institut, voire vers un laboratoire spécifique) et/ou des “concours coloriés” (vers une thématique particulière). Chaque concours est associé à un numéro (XX/YY : XX étant le numéro de section, YY le numéro du concours). Pour vous donner un exemple, j’ai eu la chance d’être recrutée sur un concours à la fois fléché et colorié : “concours 07/04 : 1 poste de CRCN en Interaction Homme-Machine avec rattachement principal à l’InSHS”. Alors alors… Qu’est-ce que ça veut dire ? “07/04” est le numéro du concours (4ème concours de la section 7) ; “CRCN” signifie Chargé de Recherche Classe Normale (un des deux grades de CR avec CRHC – Hors Classe) ; “Interaction Homme-Machine” est le coloriage thématique ; “rattachement principal à l’InSHS” signifie que les candidats doivent demander le rattachement à un laboratoire associé à l’institut des Sciences Humaines et Sociales (qui est l’un des 10 instituts du CNRS dont je parlais plus haut) à titre principal. Je reviens sur ce point dans la section suivante.
– 5 – Quand et comment contacter les laboratoires / équipes qui nous intéressent ?
Mots-clés : prise de contact, anticipation, réseau, séminaires, annuaire des laboratoires
Ici, il y a plusieurs réponses possibles, qui dépendent de la possibilité d’anticiper la publication des postes et des profils qui leur sont associés. Commençons avec le cas des postes MCF. Il faut savoir que l’ouverture d’un poste MCF peut être liée à la création d’un poste (assez rare actuellement) ou à un départ (p.ex., départ à la retraite). Quel que soit le cas de figure, c’est un processus qui est souvent largement anticipé par les équipes (pédagogique et recherche) : le profil est pensé en avance en fonction des besoins mais aussi potentiellement avec en tête un(e) candidat(e) qu’ils aimeraient recruter. C’est pour cette raison qu’il est important, voire primordial, de contacter les enseignants-chercheurs avec qui vous souhaiteriez potentiellement travailler en amont de vos candidatures (peut-être dès la fin de votre thèse, même si vous avez prévu de faire un post-doc). Même si ces personnes n’ont pas la possibilité d’ouvrir un poste pour l’année à venir, il sera intéressant de développer votre réseau en vue de futures collaborations – et puis de manière pragmatique ça fera que les équipes vous connaîtront au moment où elles rédigeront les prochaines offres de postes. Dans l’éventualité où vous découvriez par hasard un poste intéressant pour vous sur Galaxie, même si vous ne connaissez pas les référents pédagogique/recherche a priori, n’hésitez surtout pas à les contacter (tous les deux). Il me semble que votre candidature a très peu de chances d’aboutir si jamais vous n’entrez pas en contact avec les équipes. Lorsque vous leur écrivez, essayez dans la mesure du possible de proposer une rencontre et une présentation de vos travaux / séminaire dans leur laboratoire. Là aussi, il me semble que vous augmenterez considérablement vos chances si vous montrez votre motivation en vous déplaçant. Comme je vous le disais précédemment, la plupart des postes est publiée en Janvier/Février. Suite à leur publication, vous aurez environ un mois pour préparer votre dossier : donc -encore une fois- soyez vigilants (allez souvent sur Galaxie) et ne traînez pas ;).
Pour ce qui est des postes CR maintenant, c’est assez différent… D’un côté, on est à peu près sûrs que chaque année il y aura des “concours généraux” sans restriction de thématique ou de rattachement. Pour ces concours-là il est possible d’anticiper et de commencer à contacter des laboratoires très tôt pour savoir s’ils seraient prêts à vous soutenir (potentiellement un an à l’avance). Comme il n’y a pas de profil a priori, il faut que vous leur présentiez une idée de projet de recherche qui soit en adéquation avec leurs ambitions de recherche. Il faut donc bien vous renseigner avant sur ce que fait le labo, sur les thématiques qu’il souhaite développer. Une fois de plus, il est vraiment important de vous déplacer et de proposer de faire des séminaires pour présenter vos travaux à l’équipe. D’un autre côté, il y a les postes fléchés/coloriés qui sont plus compliqués à anticiper. L’ouverture de ces postes est décidée selon tout un tas de considérations politiques et stratégiques que je ne connais pas :). A priori, ça ne fuite pas à l’avance (en tout cas pour ma part je ne savais pas du tout ce qui allait sortir). L’avantage de ces postes c’est que si vous avez la chance qu’ils tombent pile dans votre domaine d’expertise, votre probabilité de réussite au concours sera assez considérablement accrue. Le désavantage est qu’il est difficile d’anticiper et donc que la rédaction de votre projet se fera dans le rush… Quoi qu’il arrive, il faut savoir que vos vacances de Noël ne ressembleront que modérément à des vacances : mais c’est pour la bonne cause !
Questions subsidiaires: Comment connaître le rattachement d’un labo ? Ou comment trouver un labo rattaché à l’Institut ou à la Section qui m’intéresse ? Pour ce qui est des laboratoires rattachés au CNRS (souvent des UMR – pour Unités Mixtes de Recherche), je vous conseillerais d’utiliser l’Annuaire des Laboratoires qui propose un formulaire vous permettant de trouver un laboratoire en fonction de son Institut de rattachement (principal ou secondaire), de sa région/ville, etc…
Je pense avoir fait le tour de cette question… Pour résumer, les maîtres-mots sont réseau, pro-action & prise d’initiatives ;).
– 6 – Comment rédiger une candidature MCF ?
Mots-clés : projet enseignement, projet recherche, projet d’investissement dans le tissu local/national/international, CV, publications, structure du projet
Chaque section a ses spécificités quant aux documents à fournir avec le dossier de candidature. Cependant, vous pouvez anticiper et d’ores et déjà préparer les documents suivants : copie d’une pièce d’identité, diplôme de doctorat (ou attestation de réussite si vous ne l’avez pas encore récupéré), pré-rapports de vos rapporteurs, rapport de soutenance. Vous pouvez aussi réfléchir à l’avance à des personnes qui pourraient vous écrire des lettres de recommandation : ces lettres auront plus de poids si elles sont écrites par des PR/DR dont les thématiques sont proches de celles pour lesquelles vous postulez – avoir une lettre d’un chercheur étranger est un plus a priori. Certaines sections imposent un nombre de lettres, d’autres non… En tous cas c’est bien d’avoir une lettre de votre directeur de thèse, une de l’un de vos rapporteurs (ou une lettre commune de tous), une d’une personne qui vous connaît mais avec qui vous n’avez jamais collaboré (pour montrer que vous êtes connu(e) et reconnu(e)). Il peut aussi y avoir une fiche de candidature à remplir et signer. Maintenant, pour ce qui est du cœur du dossier, voici la structure qui m’avait été conseillée :
PARTIE I – Dossier Synthétisé
I-1… Présentation – Synthèse du Curriculum Vitae
I-2… Activités d’Enseignement
I-3… Activités de Recherche
I-4… Responsabilités Administratives et Scientifiques
PARTIE II – Dossier Étendu
II-1… Présentation – Curriculum Vitae
II-2… Activités d’Enseignement
II-2.1. Matières Enseignées & Volumes Horaires
II-2.2. Encadrement de Projets Etudiants
II-3… Activités de Recherche
II-3.1. Introduction
II-3.2. Activités de Recherche Post-Doctorales
II-3.3. Activités de Recherche Doctorales
II-3.4. Activités de Recherche Pré-Doctorales
II-3.5. Encadrement de Stagiaires
II.4… Responsabilités Administratives et Scientifiques
PARTIE III – Projets d’Enseignement, de Recherche & d’Investissement Local
III-1… Projet d’Enseignement
III-2… Projet de Recherche
III-3… Projet d’Investissement Local, National & International
PARTIE IV – Liste Complète des Publications et Communications
La première partie (dossier synthétisé) était faite pour fournir une vue d’ensemble de mon parcours aux membres du jury (1 à 3 pages). Ce n’était que le résumé de la partie II. La partie II maintenant permettait de présenter mon parcours de manière précise : CV complet (qualif, formation, mobilités, prix), activités d’enseignement (intitulés des UE, type, volumes horaires, niveaux, encadrement de projets étudiants), activités de recherche (publications, encadrement de stagiaires, travaux menés en master, doctorat et post-doc, collaborations), responsabilités administratives et scientifiques (organisation de colloques/workshops/séminaires, reviews, implication dans des projets pédagogiques, dans des assos, actions de communication grand public).
Enfin, la partie III, qui est primordiale, permet de présenter le projet, qui comprend un projet d’enseignement, un projet de recherche et un projet d’investissement dans le tissu local/national/international. Pour ce qui est du projet d’enseignement, le challenge consiste à montrer d’une part que vous pourrez répondre aux besoins de l’équipe pédagogique en donnant les cours indiqués dans le profil, et d’autre part que vous êtes innovant(e) et souhaitez apporter une certaine dynamique, être force de propositions (sans avoir l’air de dire “je vais tout péter !”… il faut rester modeste 😉 ). Vous pouvez par exemple proposer des axes d’action, qui peuvent porter sur le fond (contenu, matières) et sur la forme (innovations pédagogiques). Concernant le projet recherche, il faut aussi être capable de démontrer que vous avez des connaissances/compétences en accord avec le profil, que vous pourrez apporter au laboratoire sur des thématiques qu’ils développent déjà ou souhaitent développer. En même temps, il faut réussir à montrer que vous avez un projet innovant et porteur qui s’inscrit dans leurs thématiques mais va potentiellement au-delà. De manière concrète, il est opportun de définir des axes de recherche (de 2 à 4 environ – là non plus il n’y a pas de science exacte je pense…), et d’articuler le projet recherche autour de ces axes. Comme indiqué ci-dessus, la longueur va dépendre de votre discipline (pour ma part, les projets enseignement et recherche faisaient chacun 3 pages)… Enfin, il ne faut pas négliger un troisième aspect, le projet d’investissement. Ici, vous pourrez décrire les actions que aimeriez mener en termes de pédagogie, recherche, médiation, etc… au niveau local, national, international. Il peut s’agir de l’organisation de conférences, d’investissement associatif, d’intégration dans le tissu sociétal (industrie, clinique, …), de médiation auprès du grand public, et j’en passe !
– 7 – Comment rédiger une candidature CR ?
Mots-clés : documents à fournir, structure et contenu du projet recherche
La préparation d’un dossier CR présente des similitudes avec celle d’un dossier MCF. Vous aurez aussi à fournir les documents suivants : pièce d’identité, diplôme doctorat (ou attestation), pré-rapports, rapport de soutenance, lettres de recommandation (voir conseils dans la rubrique précédente). Pour ce qui est des lettres de recommandation, il est demandé d’une part au laboratoire d’accueil de vous faire une lettre – pour vous affirmer son soutien (cette lettre est nécessaire), et d’autre part –comme pour les concours MCF– vous pouvez solliciter des personnalités scientifiques pour soutenir votre candidature. Ici aussi, un nombre maximal de lettres peut être indiqué (p.ex., pour la section 7 du CNRS, c’est 2 lettres). Pour le CNRS, les lettres doivent être soumises via un formulaire en ligne il me semble (ici pour le concours 2019). Attention : la date limite de dépôt des lettres est la même que pour les dossiers. Donc n’hésitez pas à anticiper ! Il faudra aussi fournir un CV complet (formation, mobilités, prix/bourses, participation/organisation à des événements scientifiques type conférences, enseignement, médiation, etc…), une liste des publications, une description des travaux antérieurs (en termes de recherche – il n’est pas demandé de faire mention de l’enseignement ici). D’après ce que j’ai pu voir, le niveau de détails requis dans la description des travaux de recherche est bien plus important pour un dossier CR que pour un dossier MCF (pour ma part ça faisait une quinzaine de pages… personne ne m’a dit que c’était mal, mais personne ne m’a dit que c’était bien non plus donc à voir ce que vous faites de cette donnée ;)…). Pour ce qui est du projet de recherche maintenant, je vais essayer de lister ce que l’on m’a conseillé :
– comme pour MCF, articuler le projet autour d’axes de recherche (j’en avais trois)
– mettre en avant des défis forts de recherche fondamentale : réfléchir à un projet qui va permettre de faire avancer de manière significative nos connaissances théoriques dans un domaine ; cet aspect fondamental doit être au cœur du projet, surtout si vous postulez au CNRS
– élaborer au sujet de l’impact sociétal de votre projet, de ses possibles applications (secteurs industriel, médical, éducatif, …)
– mettre en avant l’insertion dans un tissu local et international : parler de collaborations existantes et de collaborations que vous souhaiteriez mettre en place
– donner des détails opérationnels : ne pas hésiter à détailler la méthode que vous souhaitez employer pour développer vos projets. Ce sera rassurant pour le jury de savoir que vous saurez quoi faire dès votre prise de poste 😉
– donner des indications temporelles : ce qui sera faisable à court (dans les 2 ans environ), moyen (dans les 5 ans) et long terme (dans les 10 ans)
– vous rendre accessible à des membres du jury non spécialistes, tout en montrant votre expertise : utiliser un vocabulaire clair, précis ; formuler des phrases concises et informatives
– pour le moment je n’en vois pas d’autres mais je compléterai au fur et à mesure…
Pour les dossiers MCF, les titres des projets d’enseignement et de recherche sont en général calqués (ou inspirés) des titres des profils. Par contre, pour votre dossier CR, ce sera à vous de trouver votre titre… Ça n’a l’air de rien mais c’est en réalité super important parce que c’est la première chose que les membres du jury, et notamment les rapporteurs, verront. Il est donc important de lui consacrer un temps de réflexion significatif ! L’idéal est un titre pas trop long, très évocateur, assez catchy/sexy mais qui souligne un défi de recherche ambitieux (comme on dit : on vous recrute pour 40 ans, on doit donc s’assurer que vous vous donnez des défis importants). C’est d’ailleurs l’une des choses les plus importantes lorsque vous rédigez un projet de recherche : il faut être ambitieux sans avoir l’air farfelu ou irréaliste. Pour éviter que le jury pense que l’on propose des choses irréalisables, le mieux est de donner des indications opérationnelles concrètes sur la méthode.
En plus de votre projet de recherche, votre dossier devra comprendre une partie décrivant votre projet d’insertion dans le/les laboratoires d’accueil. Pour le CNRS, on m’avait dit qu’il était bon de demander le rattachement à 2 ou 3 laboratoires différents (j’ai depuis vu que ça dépendait beaucoup des disciplines : beaucoup ne demandent qu’un seul laboratoire). Il faut donc se renseigner sur ce qu’ils font et démontrer (1) que vous pourrez apporter à ce labo, de par vos connaissances/compétences/… et (2) que ce labo représente un environnement idéal pour développer votre projet de recherche. Comme indiqué précédemment, il faut absolument prendre contact avec les potentiels labos de rattachement parce qu’il sera demandé au DU (Directeur/Directrice d’Unité) de rédiger une lettre de soutien. N’hésitez pas non plus à leur envoyer votre projet à différentes étapes pour leur demander conseil. Pour finir par rapport au labo : si vous postulez au CNRS, il faut savoir que (même si c’est généralement le cas) vous ne serez pas forcément affecté au labo que vous avez demandé. Le comité national prend en effet plusieurs facteurs en considération, d’ordre scientifique mais aussi politique.
– 8 – Comment préparer une audition ?
Mots-clés : présentation, structure, jury, répétitions, questions, attitude
Le format des auditions est toujours le même : présentation de votre projet puis questions. Par contre, la durée varie. Pour ma part j’ai eu 10′-10′ (CR CID 51 – interdisciplinaire), 15′-15′ (CR section 7 – informatique & MCF section 16 – psychologie) et 30′-25′ (CR Inria). La composition des jurys CNRS et Inria est publiée sur leurs sites respectifs (ou sur le site des sections), la composition des jurys MCF est publiée sur le site de l’Université ouvrant le poste au concours (chercher dans un onglet “recrutement”). Préparer une audition n’est pas forcément super simple… Il faut arriver à mentionner beaucoup de choses (sans non plus noyer le jury d’informations), en peu de temps, sans rester trop en superficie (il faut aller en profondeur et donner des informations concrètes sur les points importants). Si j’avais un conseil à donner, ce serait donc d’écrire votre discours, pour trouver des tournures de phrases claires et efficaces qui vous permettront d’optimiser le temps que vous avez et vous assurer que vous faites passer le message que vous souhaitez faire passer. Plus concrètement maintenant, voici les éléments que vous devrez aborder (avec une indication approximative du pourcentage de temps à y allouer – sans que ce soit une science exacte hein 😉 ) :
– Retour sur votre parcours : formation depuis le bac (diplôme, université, mention), qualifs éventuelles (sections), prix éventuels (p.ex., prix de thèse) — 10%
– Description de votre domaine de recherche : ici, vous pouvez faire une introduction générale et accessible de votre domaine de recherche afin de montrer les enjeux qui lui sont associés en termes de recherche fondamentale et d’impact sociétal. Cette partie vous permettra d’amener le jury vers votre problématique de recherche spécifique — 20%
– Description de vos activités passées : (1) si MCF, description des activités d’enseignement (p.ex., tableau récapitulatif UE, volume, type, niveau), des activités de recherche (p.ex, axes de recherche principaux, favoriser des illustrations, indiquer les papiers principaux associés et les collaborations) et des activités d'”investissement” (p.ex., asso, médiation, interviews,…) ; (2) si CR, description des activités de recherche uniquement, mais de manière plus poussée – présentation des axes principaux de recherche et de 1 ou 2 résultats que vous aimez particulièrement et avez envie de montrer (ce qui est bien c’est de mettre en exergue un travail de thèse et un travail de post-doc par exemple) ; pour les deux types de concours, éventuellement ajouter une slide “chiffre” : graphique représentant le nombre de papiers (journaux, confs, chapitres de livre), le nombre de citations, les collaborations (étudiants, chercheurs nationaux, internationaux). Attention cependant à ne pas en faire trop sur ces aspects “quantitatifs” de votre recherche pour ne pas avoir l’air prétentieux, et parce que cela peut irriter certains membres du jury — 20%
– Description de votre projet : ici, il faudra que vous choisissiez des points clés à mettre en exergue – il ne vaut mieux pas aborder tout le contenu de votre projet au risque de perdre le jury. Il vaut mieux choisir peu d’éléments mais aller un peu plus en profondeur sur au moins l’un d’eux. (1) si MCF, description du projet d’enseignement (choisir les points clés de votre projet d’enseignement, justifier le choix, vous pouvez peut-être aborder les cours existants que vous pourriez donner pour montrer que vous connaissez la formation, et des innovations pédagogiques – forme & fond), du projet de recherche (ici aussi choisir des points clés, montrer leur cohérence avec l’équipe d’accueil, les collaborations possibles, et la valeur/pertinence d’aspects novateurs que vous pourriez apporter), le projet d’investissement (mettre en avant la manière dont vous aimeriez contribuer à la visibilité et mise en valeur de la formation et du labo, aux niveaux local, national et international). (2) si CR, description de votre projet de recherche : on m’avait conseillé de structurer autour des 3 axes du projet. Il s’agit donc de revenir sur votre problématique, de montrer en quoi cette problématique est ancrée dans les thématiques de la section à laquelle vous postulez (il est très important de faciliter le travail du jury en explicitant en quoi il est pertinent pour vous de postuler à cette section, surtout si vous proposez un projet interdisciplinaire – ça leur évitera de se poser cette question). Ensuite, vous pourrez présenter vos axes (défis scientifiques, mots-clés, calendrier, collaborations). Il est judicieux ici de mettre en avant le fait que vous ne partez pas de zéro, que certains aspects de recherche sont dans la continuité de travaux que vous avez déjà réalisés (vous pouvez même donner rapidement des détails un peu techniques pour démontrer que vous être opérationnel) : cela pourrait rassurer le jury sur le fait que si vous êtes recruté(e), vous saurez quoi faire ;). Attention cependant à ne pas donner l’impression que le projet est déjà bouclé, que dans 5 ans tous les problèmes seront réglés… Il faut vraiment montrer, encore une fois, que vous avez de réelles questions de recherche fondamentale à investiguer — 40-50%
– (Transfert) : pour des EPST comme Inria, qui est sous la double tutelle ministère de la Recherche et ministère de l’Industrie, il est important de montrer les applications potentielles de votre travail et les opportunités de transfert technologique. Ce n’est pas forcément conseillé pour un dossier CNRS (qui est plus orienté recherche dite fondamentale) — 0-10%
– Synthèse : on m’avait conseillé (et je pense que c’est une très bonne idée) d’avoir pour slide de fin – qui reste affichée pendant les questions – une synthèse reprenant les éléments essentiels de votre profil et de votre projet.
– Back-Up : n’oubliez pas de préparer quelques slides “techniques” pour illustrer vos propos si l’on vous demande d’élaborer sur un aspect de vos travaux ou de votre projet 😉
Quelques conseils généraux :
– Gardez bien en tête que souvent, seules deux personnes du jury (rapporteurs) auront lu votre dossier et que les membres du jury (surtout dans le cadre de concours CR) sont issus d’horizons très différents – il est donc extrêmement important d’éviter le jargon et de rester accessible, dans vos propos tout en faisant preuve de votre expertise. Je pense vraiment qu’il n’est pas nécessaire de faire des phrases compliquées avec plein de termes techniques pour prouver que vous êtes à la pointe… Au contraire, la vraie expertise est mise en exergue lorsque l’on se montre capable d’expliquer simplement ce que l’on fait (non ?).
– Il n’est pas nécessaire de TOUT dire : vous devez sélectionner les éléments importants que vous souhaitez voir mentionnés durant l’audition, puis vous pouvez décider de mentionner ces éléments à l’écrit (sur vos slides), à l’oral, ou les deux. Attention cependant à ne pas dé-corréler l’oral de ce qui est affiché sur vos slides (sinon vous risquez de perdre le jury). Je dis juste que vous pouvez mettre des informations spécifiques à l’écrit que vous ne spécifierez pas dans leur entièreté à l’oral (p. ex., les papiers liés à des travaux que vous décrivez).
– L’esthétique compte !!! Que ce soit justifié ou pas c’est un fait : le style (ou le non-style ;)) de vos slides participera à l’image que les membres du jury se forgeront de vous. Je ne dis pas que ça aura forcément un impact direct sur le résultat du concours, mais ça peut jouer (de manière plus ou moins consciente). Du coup, n’hésitez pas à passer du temps sur la forme de vos slides, voire à demander de l’aide. Favorisez la sobriété (fond blanc uni), la clarté (peu de texte, fort contraste), l’attractivité (images, vidéos, illustrations), la cohérence (structure, police, taille). Lisez bien les modalités sur votre convocation à l’audition : il n’est pas rare que seuls les PDF soient acceptés (auquel cas vous ne pourrez pas utiliser de vidéos) ; il se peut aussi que vous deviez envoyer votre présentation à l’avance. Si tel est le cas ce sera écrit sur votre convocation. Enfin, surtout si vous utilisez des motifs particuliers, pensez à tester votre présentation sur plusieurs vidéo-projecteurs et à prévoir une version de secours le cas échéant (sans motifs – en cas de mauvaise résolution du vidéo-projecteur).
Pour ce qui est des questions maintenant, l’atmosphère et le type de questions varie énormément selon le jury… Il n’y a pas à ma connaissance de questions officielles. Par contre, il y a quelques questions assez récurrentes. Il faut savoir que, a priori, ce sont vos rapporteurs qui vous poseront des questions en premier. En général (ça peut ne pas être le cas), leurs questions porteront sur des aspects scientifiques de votre dossier, ce sont a priori souvent des questions de fond portant sur votre projet. Du coup pas de stress : vous êtes l’expert de votre sujet, donc il ne devrait pas y avoir de problème :). Ensuite, vous pourrez avoir des questions d’autres membres du jury, plus générales. Parmi les questions classiques : “Quel est votre résultat / Quelle est votre étude préférée, pourquoi ?” ; “Si vous aviez la possibilité de recommencer votre thèse, que feriez-vous autrement ?” ; “Si vous êtes recruté(e), par quoi commencerez-vous ?” ; “Si vous aviez un doctorant là de suite, sur quel sujet le feriez-vous travailler ?”; sur des aspects de votre projet un peu éloignés de votre champ de compétence principal : “Au sujet de l’aspect XX, comment comptez-vous vous y prendre ? Avez-vous les compétences ? Si non, avez-vous des collaborateurs ?” ; on peut aussi vous amener sur des aspects plus “haut niveau” : éthique, implications sociétales, etc… En tout cas, je pense sincèrement qu’une très très large majorité des membres de jury sont des personnes extrêmement bienveillantes. Leur but n’est pas de vous piéger, mais plutôt de déterminer jusqu’où vous avez mené vos réflexions, si vous êtes capables de réfléchir de manière globale, en dehors de votre périmètre de recherche réduit, à quel point vous êtes autonome, ouvert(e) à des collaborations, prêt(e) à encadrer des étudiants.
Comme je le disais au début de la section, tout ça n’est pas facile ! Il faut donc répéter et répéter et répéter encore :). Comme je le disais avant, je conseille fortement, étant donné le timing très short pour évoquer tous les points, d’écrire son discours. Vous ferez certainement des répétitions officielles : vous pouvez pour cela solliciter les labos dans lesquels vous postulez (il est probable qu’ils vous proposent des répétitions d’eux-mêmes). Vous pouvez aussi organiser des répétitions avec vos équipes de thèse, de post-doc ou tout autre chercheur avec qui vous vous sentez en confiance et qui est tellement cool qu’il se rendra disponible pour vous ! C’est bien de faire des répétitions officieuses avant la répétition officielle avec le labo parce que pour être efficace, on vous mettra en situation réelle de concours (ce qui peut-être légèrement anxiogène… 😉 ). Un petit effet pervers des répétitions cependant : plus vous répéterez, plus vous aurez de retours, et plus vous ferez grimper la probabilité d’avoir des avis divergents : prenez ce que vous trouvez pertinent, ne prenez pas le reste. Il est important de vous approprier votre discours, et pour ce faire il faut absolument que vous soyez en phase avec tout ce que vous dîtes.
Pour finir, quelques mots sur l’attitude (même si ce que je vais dire là est sûrement bateau et qu’en situation de mega stress on maîtrise pas toujours !!)… Parce que, au delà de votre présentation et de vos réponses aux questions, votre façon d’être pendant l’audition pourra avoir son importance. Il est bien-sûr essentiel que vous soyez vous-même, ça se voit quand on essaye de jouer un rôle. N’hésitez pas à montrer que vous kiffez ce que vous faites, que vous en êtes fier/fière ! La passion, c’est bien. Vous pouvez même dire pendant votre présentation que tel ou tel résultat vous tient à cœur, et expliquer pourquoi (sans non plus entrer dans le mélodrame hein !). Tout ça en restant modeste (p. ex., évitez de dire que ce que font les autres c’est nul et que vous, vous êtes le meilleur ; si vous proposez de nouvelles choses dans une formation, dîtes que vous souhaitez en discuter avec l’équipe pédagogique, pas que vous voulez instaurer ça parce que pour le moment c’est nul mais qu’après ça ce sera bien…). Essayez de trouver le juste milieu entre (1) montrer que vous savez travailler en équipe et que vous souhaitez renforcer des collaborations pour développer certains aspects et (2) montrer que vous êtes autonome (notamment vis-à-vis de votre directeur de thèse) et opérationnel(le).
Ok, bon j’espère que maintenant vous êtes remonté(e) à bloc et que vous avez confiance en vous parce que “Yes, you can!”
– 9 – Comment se passe un concours MCF / CR ?
Mots-clés : calendrier, épreuves, jury, longueur auditions
Pour tous les concours à ma connaissances les étapes sont les suivantes :
– publication des postes ouverts aux concours
– soumission d’un dossier de candidature (environ un mois après)
jury – si admis à poursuivre :
– auditions
jury d’admissibilité > classement provisoire
jury d’admission > classement définitif
– vœux
Pour les concours MCF, les postes sont publiés au fil de l’eau. Mais la majorité des postes sont publiés environ mi-Janvier, pour une soumission des dossiers début Mars environ et des auditions en Avril-Mai. Suite à ça, vous aurez souvent des rumeurs officieuses sur le classement. Les résultats définitifs sont en général publiés début Juin. Les jurys MCF sont composés à 50% de membres internes à l’Université, et 50% de membres externes. L’Université publie la composition du jury sur son site. Pour les concours CNRS, les postes sont publiés tout début Décembre, pour une soumission du dossier début Janvier. Il faut donc contacter très très rapidement les laboratoires et les personnes qui vous feront des lettres de recommandation (en gros vous avez 2 semaines avant les vacances de Noël…). Il faut que vous prévoyiez d’être disponible au cours de cette période (début Décembre) pour rendre visite aux différents labos. C’est sportif et ça peut revenir un peu cher… Donc n’oubliez pas d’anticiper ;). Ensuite, les jury se regroupent en Février pour vous indiquer si vous êtes admis à poursuivre. Si c’est le cas, les auditions peuvent arriver extrêmement vite (potentiellement deux petites semaines). Du coup, un conseil que l’on m’avait donné et qui s’est avéré très utile : commencez à préparer votre audition à l’avance ! Le jury d’admissibilité se réunit à la fin de toutes les auditions de la section, et les résultats sont publiés dans la foulée. Attention cependant : ce ne sont pas les résultats définitifs. La commission d’admission peut (même si c’est relativement rare en dehors d’Inria à ma connaissance) modifier le classement. Il faut donc rester prudent et être patient… Les résultats définitifs arrivent en Mai environ. Enfin, lorsque vous êtes admis, si vous avez demandé le rattachement à plusieurs laboratoires, il est possible que le CNRS décide de votre affectation pour des raisons stratégiques/politiques, mais il est aussi possible qu’il vous demande où vous souhaitez aller… Il faut donc bien discuter avec les labos pendant le processus de candidature et être clair et transparent avec eux sur vos préférences ;). Il se peut enfin, même si c’est sûrement plus rare, que l’on vous demande d’aller dans un labo que vous n’aviez pas demandé…
– 10 – Questions diverses
Postuler à plusieurs concours MCF / CR : augmentation ou diminution des chances ?
Oui ! C’est une question que je me suis pas mal posée ayant un profil à la frontière de plusieurs disciplines… Et en fait c’est possible et a priori pas mal vu. Par contre, il faut faire attention aux demandes faites par les différentes sections, qui peuvent varier (sur le format ou le type des documents à fournir). Surtout, il faut absolument adapter son projet et notamment son vocabulaire. Si vous avez l’habitude de l’interdisciplinarité, vous savez que chaque discipline a des traditions, des vocabulaires assez spécifiques. Si vous postulez dans différentes sections, il faudra aussi judicieusement choisir les éléments sur lesquels vous décidez de mettre l’emphase selon la discipline.
Mettre en avant l’interdisciplinarité : bonne ou mauvaise idée ?
Alors alors alors… Bon bon bon… Vous entendrez partout qu’il faut promouvoir l’interdisciplinarité et je pense que les personnes qui le disent sont sincères. C’est donc pour moi un plus que de montrer que l’on pratique l’interdisciplinarité dans notre recherche au quotidien. Néanmoins, vous êtes maintenant familiers avec les sections (qu’elles soient sections CNU ou CNRS) et vous aurez remarqué que ces sections sont disciplinaires. Incidemment, les jurys sont aussi disciplinaires. Ils cherchent à recruter un MCF/CR dans une discipline. Tout ça pour dire qu’il faut faire ici du en même temps : ne pas hésiter à faire preuve d’une vision innovante et ouverte sur plusieurs disciplines tout en se positionnant comme experts d’une discipline (ou éventuellement d’un objet d’étude). Le tout en restant extrêmement humble et honnête. Je pense vraiment qu’il ne faut surtout pas prétendre que l’on peut/sait tout faire. Il est plus judicieux d’indiquer que sur certains aspects on souhaite collaborer avec M.X & Mme.Y (d’ailleurs, nommer des collaborateurs potentiels, c’est bien !).
Langue de rédaction du dossier MCF / CR : Molière ou Shakespeare ?
Là non plus je ne connais pas de règle strictement établie (déso…). En tout cas, pour ce qui est des postes de MCF dans lesquels vous devez enseigner en français il est pertinent d’écrire votre projet en français. Pour les postes CR, les avis divergent. Le point de vue majoritaire dans le contexte des concours que j’ai passés était qu’à partir du moment où l’on est francophone, on écrit notre projet en français, mais que les non francophones peuvent écrire en anglais (pour ma part j’ai donc écrit tous les dossiers de candidature en français). Certains membres de commissions d’admissibilité sont en effet attachés à notre langue. Dans certains domaines, il m’a été dit que le fait d’écrire en anglais montrait une ouverture et une aptitude à la pratique de la langue utilisée en sciences. C’est aussi un bon argument… Pour résumer : a priori plutôt utiliser le français si vous êtes francophone, mais se renseigner sur les traditions de votre discipline quand-même… On ne sait jamais ! Une bonne solution peut être de demander à un membre ou ancien membre d’une commission de votre discipline, ou potentiellement à un(e) ancien(ne) candidat(e).
Longueur du projet : … ? (le seul truc que je trouve à mettre ici est trop facile…)
Seriez-vous surpris si ma réponse était…… “Ça dépend” ? Avant que je ne passe les concours, on m’avait indiqué qu’en psycho, la tradition était plutôt de faire un projet d’une vingtaine de pages, en informatique plutôt autour de 5 pages. Concernant les CR, à ma connaissance il n’y a pas de recommandation stricte de la part du CNRS sur le site des sections ; Inria par contre a un template très strict : le projet de recherche doit être contenu sur 3 pages. Pour ma part, pour le CNRS, j’ai soumis des projets de recherche très détaillés (avec beaucoup de détails opérationnels comme le demande la section CNRS 26) d’environ 20 pages pour les deux disciplines (mais les informaticiens qui ont eu la gentillesse de me relire ont trouvé ça long – donc c’est sûrement que ça l’était !). Pour ce qui est de MCF, il faut aller jeter un œil sur les sites des sections, qui donnent souvent des conseils pour la rédaction des projets… Mais là non plus à ma connaissance il n’y a pas d’indications strictes. Lors de ma candidature MCF en section 16 (CNU), mon projet d’enseignement et mon projet de recherche faisaient 3 ou 4 pages chacun.
Taux de réussite aux concours CR : Je suis pas venue là pour souffrir, ok ?
Ici aussi, c’est très variable… Je ne suis pas sûre que la liste des candidats soit publiée dans le cadre de concours MCF. Par contre, pour ce qui est des concours CR, ces listes sont disponibles de manière tout à fait transparente (par exemple : CNRS onglet “Consulter les résultats”, Inria). Pour ce qui est du CNRS par exemple, vous pourrez trouver, pour chaque section et chaque concours, les candidats : admis à concourir (dont le dossier est recevable), admis à poursuivre (pré-sélectionnés sur dossier écrit pour l’oral), admissibles (ayant été classés, sur liste principale ou complémentaire, par la commission d’admissibilité suite à l’oral), admis (reçus suite à l’avis de la commission d’admission). A partir de là, un petit produit en croix vous permettra de connaître à peu près les taux de réussite :).
Comment savoir si j’ai le niveau d’être recrutée(e) MCF / CR : combien d’années de post-doc, combien de publis, combien de cafés ?
Il faut savoir qu’il est très compliqué d’avoir un poste de CR sans avoir fait de post-doc au préalable. C’est aussi compliqué pour les concours MCF, mais ça peut être plus jouable s’ils recherchent un profil assez spécifique et que vous avez ce profil… Pour revenir aux concours CR, le nombre d’années moyen de post-docs “recommandé” (car il n’y a à ma connaissance aucune règle strictement établie à ce sujet) est extrêmement variable. Pour ne parler encore une fois que des disciplines que je connais : la section 7 du CNRS (informatique/interaction) aura tendance à recruter des CRCN dits jeunes, disons environ 1 à 3 ans de post-doc, alors que la section 26 du CNRS (psycho/neuro) recrutera plutôt, au même poste, des chercheurs ayant au autour de 6 ans de post-doc. Je n’ai évidemment pas d’idée précise et ces nombres d’années ne sont donnés qu’à titre indicatif, le message à retenir étant que cela dépend des disciplines et donc que le mieux est d’aller voir sur le site du CNRS ou sur Galaxie par exemple qui a été recruté les années précédentes, puis d’essayer de trouver leurs CV (ou leur profil publicatoire, e.g., scholar s’il n’y a pas “mieux”) pour vous faire une idée du niveau. Le CV des jeunes recrues peut d’ailleurs être bien plus indicatif que le nombre d’années de post-doc ;). En tout cas ce qui est quasi certain, c’est que vous devez montrer que vous pouvez être autonome, et une métrique souvent considérée par les jurys pour évaluer votre autonomie et votre valeur intrinsèque (dé-corrélée si l’on peut dire de celle de votre directeur de thèse), c’est le fait que vous ayez publié au moins un papier sans votre/vos directeur(s) de thèse. Ce point là est ULTRA important !
– 11 – Le petit mot de la fin : l’importance du réseau
Qui ne tente rien n’a rien ! En étant vigilant quant aux offres de postes qui s’ouvrent, on peut tout à fait tomber sur une offre qui nous correspond : ça arrive dans la vraie vie – et pas qu’aux autres !! Il ne faut surtout pas hésiter à contacter les labos avec qui vous avez envie de collaborer, leur montrer que vous êtes sincèrement motivé(e)… Le réseau (et ce n’est absolument pas péjoratif ici) est absolument primordial pour obtenir un tel poste, que ce soit pour être soutenu(e) officiellement par un labo ou par des membres de la commission en charge du recrutement, pour être soutenu(e) émotionnellement pendant ce process long et (on peut le dire) anxiogène ou pour pouvoir échanger sur votre projet et faire émerger des idées innovantes, voire des projets de collaboration… Pour conclure je vous souhaite bon courage et je croise les doigts !